Les luxations de doigt

Un traumatisme très fréquent
Bien qu'elle puisse survenir dans des traumatismes de la vie quotidienne, la luxation de doigt est un accident classiquement sportif. En fréquence elle arriverait en deuxième position parmi les traumatismes de la main (plaies exclues), juste après les fractures de métacarpe. Il est cependant difficile d'établir des statistiques précises, car dans bien des cas ces luxations sont réduites par les patients eux-mêmes, ou leur entourage, sans avoir recours à un service d'urgences.
Le peu d'études épidémiologiques réalisées à ce sujet retrouvent les données suivantes:
- Age: le plus souvent autour de 40 ans puis autour de 90 ans
- Sexe: 3 hommes pour une femme
- Articulation atteinte: inter-phalangienne proximale (IPP) dans l'écrasante majorité des cas
- Doigt atteint: index 5% < majeur 10% < annulaire 14% < auriculaire 24%
Afin d'être le plus concis possible nous ne traiterons ici que des luxations inter-phalangiennes proximales. Les luxations métacarpo-phalangiennes sont bien plus rares et relèvent systématiquement d'une prise en charge chirurgicales.
Les symptômes d'une luxation de doigt
Il est rare de rencontrer une pathologie aussi simple à diagnostiquer. Par définition une luxation est un "déplacement des 2 extrémités osseuses d'une articulation entraînant une perte du contact normal des 2 surfaces articulaires" (Larousse). Plus simplement, l'articulation inter-phalangienne proximale est déboîtée.
Comme pour toute luxation, elle se caractérise par son sens de déplacement. On parlera donc de luxation dorsale, palmaire, ou latérale. La luxation dorsale est de loin la plus fréquente.
Traitement d'une luxation de doigt: la réduction
Avant toute chose une radiographie est nécessaire afin de rechercher une éventuelle fracture associée. Si tel est le cas un avis chirurgical est impératif.
Il faut ensuite déterminer le sens de luxation, cela permettra d'adapter le geste de réduction:
- Dorsal: traction longitudinale puis flexion douce
- Palmaire: articulation métacarpo-phalangienne en flexion, traction longitudinale puis extension douce
- Latéral: en général une traction longitudinale suffit
La réduction se fait préférentiellement sous anesthésie locale.
Passer en force c'est courir à la catastrophe
En cas de résistance importante il ne faut surtout pas insister, la prise en charge devient chirurgicale. Le but étant de ne pas aboutir à une fracture...
Une fois le doigt réduit un nouveau contrôle radiologique est nécessaire. Tout aspect de subluxation résiduelle fait suspecter une interposition de tissus mous et nécessite un avis chirurgical.
Si la radiographie est rassurante (ou qu'après réduction on obtient une mobilisation fluide) l'articulation est mobilisée en flexion et en extension. On recherche ainsi une éventuelle instabilité (c'est à dire une tendance à la "reluxation"). Si tel est le cas l'avis du chirurgien sera également nécessaire afin d'adapter l'immobilisation.
Immobilisation
Dans la mesure du possible l'immobilisation doit être la moins enraidissante possible. En effet la tendance à l'enraidissement conditionne le pronostic de la luxation de doigt.
Si l'articulation est stable après réduction, une syndactylie pendant 3 semaines est suffisante. En cas d'atteinte d'un plan ligamentaire latéral (que l'on détecte par une laxité), on choisit logiquement le doigt du même côté.
Il est primordial que les articulations inter-phalangiennes restent libres afin de limiter l'enraidissement séquellaire.
Le patient doit alors s'astreindre à mobiliser au maximum ses doigts afin qu'ils ne s'enraidissent le moins possible.
Rééducation après une luxation de doigt
L'auto-rééducation est la base du traitement. Le patient doit s'entraîner à mobiliser au maximum son doigt, afin de limiter l'enraidissement. Au terme des 3 semaines de syndactylie, si le patient présente une forte tendance à l'enraidissement, une kinésithérapie devient nécessaire.
De manière inévitable l'articulation va avoir tendance à gonfler, ce qui va de pair avec l'enraidissement. Le dégonflement se fait sur une année environ. Passé ce délai il est fréquent qu'une petite augmentation de volume persiste.
Il est donc tout naturel d'avoir un doigt gonflé après une luxation de doigt. Cela doit juste conduire à mobiliser au maximum le doigt concerné.
Séquelles
Comme nous l'avons vu, les principales séquelles sont un gonflement articulaire et un enraidissement. Le seul moyen d'en limiter l'importance est la mobilisation quotidienne et assidue du doigt. La kinésithérapie est un appoint très utile en cas d'enraidissement important, mais en aucun cas elle ne remplace l'auto-rééducation.